L'IMAGERIE DE LA PROPAGANDE

Auteurs

  • Patrice Mbianda

Résumé

                                                                          RESUME

Peut-on réellement réussir le pari de faire de la propagande un élément d’animation et d’intelligence de la vie politique, c’est-à-dire un fait de culture qui participe à la vie économique qui crée des marchés, introduit de nouvelles formes de communication…? Si comment et dans quelles conditions? La réponse ou la solution à ce problème ne peut être efficiente que si nous examinons certaines questions.

Comment faire a ce que la propagande s’attache plus à la conquête de sa clientèle qu’a la réputation de ses adversaires?

Comment le marketing peut-il favoriser la conception de la propagande comme démarche scientifique dégagée de toute fin politique?

Comment utiliser l’information de manière à rendre la propagande plus libératrice? Quel peut être l’apport de l’image et comment l’utiliser dans la propagande?

Il y a une chance de rendre à la propagande la place qu’elle devrait occuper en tant qu’élément régulateur des échanges entre l’individu et les corps constitués auxquels il délègue sa fonction de représentation.

L’explication des principes et méthodes de la publicité rendrait efficace la propagande.

A première vue, le champ d’investigation de la propagande est largement ouvert à l’affrontement. Les historiens, les géographes, les sociologues et psychosociologiques ou les politologues y édifient leurs fortifications et du haut de leurs potes d’observation découpent au phare des espaces lumineux pour repérer les accidents de terrain manifestes.

L’opinion vit sur des idées fausses (persuasion clandestine, conditionnement par les médias), les responsables sur la méconnaissance des circuits et de l’impact des messages, le pouvoir sur l’habitude de disposer des hommes – liges aux postes clés. C’est méconnaitre la dimension d’un domaine où se rejoignent le religieux et le commercial, le ludique et le technique, l’idéologique et le spectaculaire. C’est oublier que par son héritage, son histoire, son langage, le décor qu’elle crée et les signes qu’elle manifeste, la propagande est aussi un fait de culture; que la propagande participe a la vie économique, qu’elle crée des marchés, qu’elle introduit une nouvelle forme de communication et qu’en cela elle est aussi un fait de société; qu’hier enclose dans le discours sur l’évènement, elle est aujourd’hui pièce maitresse des évènements qu’elle fabrique ou dans lesquels elle se retrouve; qu’enfin son influence s’exerce aussi bien a l’intérieur d’une formation dans le cadre d’un microsystème que dans le microsystème des relations internationales. C’est dire la complexité d’un domaine ou il est toujours plus facile de se faire des plans que de se frayer un passage.

Le terme propagande est étymologiquement rattaché au latin “propagare ”qui signifie d’une part “multiplier par provignement, marcottage ou boutures” et d’autre part “transmettre en élargissant”. Les Romains ne le chargeaient d’aucune connotation idéologique et semblent l’avoir utilisé aussi bien pour les stolons des fraisiers que pour la prorogation des magistratures ou l’élargissement des frontières. C’est en fait son utilisation par l’Église catholique à partir de 1572 dans le cadre de la “congregatio de propaganda fide” (congrégation pour propager la foi) qui lui assigne un champ précis. Le terme restera confiné dans le vocabulaire ecclésiastique jusqu’à ce que, l’entremise du “bureau de propagande” du citoyens ROLAND (1792), il fasse irruption dans la vie laïque tout en conservant une saveur apostolique qu’il ne perdra véritablement qu’au XXe siècle. Le suffixe joue ici pleinement son rôle. “propaganda”, c’est proprement un adjectif verbal au féminin : “qui doit être propagée”. Sa substantivation va conférer au terme un caractère secondaire d’obligation ou d’action inéluctable qui n’est sans doute pas étranger à la mauvaise image de marque dont jouit aujourd’hui le mot de “propagande”. Alors que le verbe “propager” et les synonymes que propose le dictionnaire (colporter, diffuser, divulguer, proclamer, publier, révéler…) ne mettent l’accent que sur le transport de l’information vers ou a travers la messe de ses récepteurs, le substantif “propagande” est chargé d’une double vocation idéologique et méthodologique : “toute action organisée en vue de répandre une opinion, une religion, une doctrine”.

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Publiée

2022-01-06

Comment citer

Mbianda, P. (2022). L’IMAGERIE DE LA PROPAGANDE. Fréquence Sud, (15), 183–202. Consulté à l’adresse https://journals.uct.ac.za/esstic/index.php/frequence_sud/article/view/224

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